Un ouvrage assez typique de la production de cette époque, même si Jean-Pierre Bayard a su aller jusqu’au bout des choses dans son enquête.
D’un côté, un sujet « sulfureux », les « tribunaux secrets de la Sainte-Vehme » qui agissaient dans les territoires allemands du 14e au 15e siècles pour compenser le peu d’emprise de la justice civile sur des contrées largement abandonnées par le pouvoir du fait de la féodalité, et de l’autre, un sujet sulfuré: le national-socialisme.
Le rapprochement d’un sujet « mystérieux » avec le national-socialisme est, je le disais, assez typique de cette période des années 1960-1970. Cathares, Templiers, Teutoniques, Illuminés de Bavière, tout était prétexte à publier des livres pour parler des nazis, même s’il n’y avait absolument aucun lien, ou si ce lien n’était qu’extrêmement vague. C’est ce qui se passe ici: la Vehme et le nazisme n’ont, de l’aveu de l’auteur même, aucune affiliation. Pourquoi persister à en parler? Mystère, mais au moins l’auteur le confirme noir sur blanc, ce que de nombreux autres auteurs n’auraient pris le soin de faire…
Concernant la Vehme elle-même, la matière de ce livre n’est finalement pas si riche, même si elle offre un panorama complet. Sur les quelques 260 pages de ce livre, la Vehme elle-même n’en couvre qu’une soixantaine, l’ordre Teutonique environ 80 et les attentats politiques dans l’Allemagne post-première guerre recouvrent la moitié du livre (pour confirmer finalement qu’aucun lien avec les tribunaux vehmiques n’est identifiable…). Ces pages n’ont de plus pas grand intérêt, parce qu’on y retrouve tout le fatras charlatanesque de l’ésotérisme de pacotille qui a fait la renommée de la fameuse collection « l’Aventure Mystérieuse » qui se poursuit de nos jours sous le nom « l’Aventure Secrète ».
Autant dire qu’on reste largement sur sa faim, d’autant qu’il ne s’agit pas réellement d’un livre d’histoire, mais plutôt d’un livre de vulgarisation. Heureusement, ces 60 pages sont de qualité et fournissent tout de même de bonnes références et les informations principales qu’on attend de ce genre de travail.
Ce livre reste, malgré ses 50 ans, celui que j’ai trouvé qui contenait le plus d’informations pertinente sur la Sainte-Vehme: il y a clairement une lacune historique qu’il serait bon de combler par un ouvrage de recherche récentes…