Ce recueil de nouvelles fantastiques est estampillé « d’après Lovecraft », mais je n’en ai pas vu la justification. Certes, on a des éléments lovecraftiens avec ce scientisme et ces entités cosmiques « extérieures », mais ça n’en fait pas pour autant des textes « d’après Lovecraft ». Celui-ci n’est d’ailleurs cité qu’une seule fois sur l’ensemble des textes de Belknap Long.
Le texte le plus important est ici L’Horreur Venue des Collines, mettant en scène l’entité Chaugnar Faughn, un « dieu » maléfique dont l’apparence est dérivée du dieu hindou Ganesha. Les protagonistes sont des archéologues et autres explorateurs travaillant pour le British Museum, et sont confrontés à l’arrivée d’une idole de Chaugnar Faughn depuis les confins des plateaux asiatiques. Seulement, l’idole est maudite, et n’est d’ailleurs pas une idole, mais le dieu lui-même, et les protagonistes devront recourir à la Science pour lutter contre lui. Sans en dire plus, c’est là un grand classique de la littérature d’horreur fantastique, qui n’a d’ailleurs rien de lovecraftien ni encore moins de « cthulhien ».
Dans les Chiens de Tindalos, ainsi d’ailleurs que dans le Passage vers l’Eternité, il est question de drogues altérant la conscience et permettant de voyager dans le temps et l’espace. Là encore, rien de lovecraftien en soi.
La question du « déplacement spatial » est aussi au cœur de la nouvelle Les Mangeurs de Cerveaux, mettant un équipage de navire aux prises avec des entités sous-marines céphalophages.
De manière générale, ces nouvelles sont simplement ce qu’on trouvait dans les pulps et la littérature SFFF jusque dans les années 1970. Elles sont intéressantes à lire par elles-mêmes, même si elles ne révolutionnent pas le genre et souffrent peut être d’une construction qui m’a parue soit trop élaborée, soit trop brouillonne. Les fins sont généralement abruptes, et l’histoire finie, on passe à autre chose sans y penser plus (en tout cas, c’est ce que ça m’a fait).
Frank Belknap Long mérite mieux que d’être simplement considéré comme un auteur « lovecraftien », simplement parce qu’il a échangé quelques lettres avec HPL. Son univers est original et indépendant ,et ces nouvelles le démontrent: on n’est pas du tout dans le pastiche.
Un recueil qui mérite d’être découvert si l’on est amateur des pulps fantastiques, et qui mérite mieux que d’être juste rattaché à l’univers « Lovecraft » élargi, un argument marketing qui devient vraiment de plus en plus irritant.