Après le diner, il m’arrive de zapouiller sur la téloche pendant que l’eau du thé chauffe, et je ne suis généralement pas déçu d’avoir décidé de ne plus la regarder depuis maintenant plus de 15 ans.
Ce soir, je suis tombé sur les mines déconfites et graves des propagandistes de LCI. Il faut dire, Bakhmut/Artiomovsk est en train d’être « évacuée » par les forces ukrainiennes, qui ne peuvent pas tenir leurs lignes face aux forces de Wagner. Rien de surprenant pour quiconque suit ce conflit depuis un an (voire plus): l’armée ukrainienne, malgré l’indéniable bravoure des soldats sur le terrain, n’a plus la même qualité qu’il y a un an, parce que les pertes de soldats entrainés ont été remplacées par des conscrits peu et mal entrainés. En face, la PMC Wagner dispose d’équipements, de munitions (malgré l’épisode de « crise » de la semaine dernière), et surtout d’hommes endurcis et aguerris.
Bakhmut/Artiomovsk n’a pas d’importance stratégique particulière aux yeux du gouvernement ukrainien. Si c’était le cas, on aurait vu le déploiement de troupes considérées comme « d’élite », à savoir Azov et les mercenaires étrangers de la « Légion Etrangère Ukrainienne », et les combats de la périphérie de la ville auraient été autrement plus violents. Et force est de constater que si les combats ont été durs, ils n’ont pas été particulièrement violents, comme on avait pu le voir à Marioupol (les combats avaient alors opposé Azov et quelques régiments ukrainiens aux troupes tchétchènes, principalement).
La tronche des propagandistes, ce soir, valait le coup. Voilà des mois qu’ils expliquent que les russes attaquent par vagues suicidaires, qu’ils sont obligés de recruter dans les prisons pour remplacer leurs pertes effroyables, qu’ils n’ont aucun équipement et qu’ils volent les équipements électroménagers des civils pour réparer leurs équipements lourds. Toutes ces conneries, tout ce monceaux infâmes de déclarations idiotes et stupides, volent en éclat: la « minable petite milice du cuisinier de Poutine » est en train de conquérir seule ce que notre propagande nous présentait comme un bastion stratégique ukrainien.
La propagande est importante en temps de guerre, pour soutenir le moral de la population. Si celle-ci ne soutenait pas l’effort de guerre (ou en tout cas, si elle ne s’y oppose pas), il n’y aurait pas d’implication occidentale massive comme on voit en Ukraine. Tant que les médias présentent des nouvelles positives (comme la « reconquête » du nord de l’Ukraine, suite à l’évacuation sans combat des forces russes fin mars 2022, ou la « reconquête » de la zone au nord de la Dniepr dans la région de Zaporojie suite à l’évacuation des troupes russes, la aussi sans combat…), tant qu’on nous fait croire que l’Ukraine gagne sur le terrain, tout va bien. Quand en plus on nous fait croire que des « armes miracles » comme les Leopard 2 ou les M1 Abrams arrivent sur place, comment ne pas croire en la victoire prochaine de l’Ukraine?
Sauf que tout ça, ça s’apparente énormément à la propagande de la fin du régime hitlérien, avec ses Wunderwaffen (« armes miracles ») promises par le régime et qui ne sont jamais arrivées. Or, si on pourrait comprendre parfaitement le fait si elle provenait du gouvernement ukrainien lui-même, là on comprend mal l’affaire parce que justement, tout provient des services médiatiques occidentaux, qui ne sont toujours pas (officiellement) partie au conflit.
Nos gouvernants savent que ce conflit, qui n’aurait jamais été déclenché si ils n’avaient pas poussé Zelenski à se croire tout puissant, est dans une impasse totale. La guerre ne dure que parce que les russes retiennent leurs forces, pour ne pas se retrouver piégés dans un pays dont ils ne veulent pas (ce qu’ils voulaient, c’était un Etat tampon démilitarisé, dont l’économie aurait été tournée vers la Russie, mais avec des partenariats vers l’Occident… une vision certes impérialiste, mais calquée sur Cuba).
Les russes comme les occidentaux se dirigent vers un « pat » en Ukraine, parce que personne ne peut véritablement gagner: militairement, les russes peuvent écraser l’Ukraine, mais ils perdront politiquement, alors que les occidentaux sont en train de sacrifier l’économie européenne pour rechercher une victoire militaire impossible.
Personne n’a pensé à demander leur avis aux ukrainiens eux-mêmes, depuis le coup d’état de 2014. Du moins, personne ne l’a voulu, parce que la réponse aurait déplu: les Ukrainiens veulent (voulaient) être indépendants, et être un pont entre l’Europe et la Russie, profitant des deux « mondes » en les rapprochant.
Le coup d’état de 2014, orchestré par les services de renseignement britanniques et américains, a détruit ces belles illusions. Avec, pour résultat aujourd’hui, 8 millions de réfugiés ukrainiens à l’étranger, 5 millions de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine, 250 000 morts, et un pays qui n’a plus aucun avenir politique ni économique.
C’est à tous ces gens que je pense quand je vois la mine déconfite des propagandistes qui font tout pour « vendre » la guerre aux masses occidentales, comme si c’était un jeu. Et, vraiment, j’espère qu’ils paieront pour tous ces mensonges et tous ces malheurs auxquels ils contribuent inlassablement, année après année.