L’Afghanistan et ce qui se déroule en ce moment n’est que le dénouement naturel d’un conflit dont personne n’a voulu.
Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, l’Afghanistan est juste un conflit qui dure depuis longtemps. Mais ça n’est pas que ça.
Tout a commencé le 12 septembre 2001, le lendemain de attentats de New York. Les USA viennent de prendre la pire attaque terroriste sur leur sol, le peuple américain réclame des explications et le gouvernement Bush a été tellement nul dans la gestion de la crise qu’ils cherchent à désigner un responsable. Celui-ci est évident et tout trouvé: il s’agit d’Oussama Ben Laden et son organisation Al Qaeda, qui a commis plusieurs attentats contre les intérêts américains, notamment une première attaque au camion à l’explosif contre le World Trade Center, et une attaque suicide au bateau rempli d’explosif contre l’USS Cole. Quelques heures avant l’attaque de New York, Al Qaeda avait réussi à tuer le Commandant Massoud, une figure des Mujahidin qui ont lutté contre les soviétiques dans les années 1980, et qui résistait aux taliban et à leur règne obscurantiste.
S’engage alors une période de 3 mois où on s’agite en coulisse, pendant que les USA prédisposent leurs pions sur le Grand Echiquier. Les USA brandissent un ultimatum aux taliban en exigeant qu’ils livrent Oussama Ben Laden et son organisation aux USA. Les taliban refusent, parce que Ben Laden est lui aussi l’un des combattants qui a lutté contre les soviétiques. On apprendra plus tard que c’est par son intermédiaire que les USA et Israel ont pu faire livrer des missiles stinger aux mujahidin afghans (rappelez-vous comme ils étaient célébrés par Hollywood dans les années 1980, notamment à la fin de Rambo 3).
La guerre débute donc le 7 octobre 2001, même pas un mois après les attentats. A ce moment là, il ne s’agit que de forces spéciales au sol pour accompagner tous les groupes qui résistent aux taliban, aidés par des frappes aériennes plus ou moins ciblées (les B-52 ne font pas dans la dentelle), qui permettent la reconquête rapide de Kaboul et des provinces environnantes. Bush installe alors une base géante à Baghram, à une heure au nord de Kaboul, où se déversent des dizaines de milliers de soldats américains, puis britanniques, puis l’ensemble de l’OTAN « élargie » (avec des troupes de pays alors candidats pour rejoindre l’alliance, comme la Géorgie, mais c’est une autre histoire). A l’époque, Jacques Chirac refuse de déployer un contingent de soldats français: il a parfaitement conscience de l’inutilité d’une occupation dans un pays qui ne s’est jamais soumis à autre chose qu’à l’Islam. Surtout, il sent venir ce qui arrivera très vite au cours de l’année 2002: les USA annoncent qu’ils n’en resteront pas là.
Bush et son gouvernement annoncent que les opérations militaire vont se poursuivre en vue d’installer durablement la « démocratie » dans la région. Sous l’impulsion de Condoleeza Rice et de Donald Rumsfeld, et sur les conseils « avisés » de Benyamin Netanyahu, l’attention des USA se tourne vers l’Irak de Saddam Hussein, accusé de financer le terrorisme. La suite, c’est la guerre contre l’Irak dès 2003 qui sera une véritable catastrophe pour les USA, peut être encore plus qu’en Afghanistan. Tout le monde a compris à ce moment-là que ce n’est plus une histoire de terrorisme, mais un prélude à une guerre contre l’Iran, désormais encerclé par les bases américaines en Irak et en Afghanistan.
Ces deux conflits se passent très mal, au point que la guerre contre l’Iran, qu’on anticipait pour 2006 à l’époque, est sans cesse évoquée et repoussée. Le manège des « avertissements » et « lignes rouges » s’ensuit pendant 10 ans avant qu’Obama tente de négocier un accord sur le nucléaire avec l’Iran. Conscient de son encerclement, l’Iran a joué à fond la carte de la recherche nucléaire « civile » (mais à finalités militaires), suivant en cela l’exemple de la Corée du Nord qui a appliqué la bonne vieille dissuasion nucléaire pour être tranquille.
On n’entend plus parler de l’Iran depuis quelques années maintenant, en tout cas pas en ce qui concerne son programme nucléaire. A titre perso, je soupçonne qu’ils l’ont depuis quelques années et qu’ils jouent un jeu de dupes sur le modèle israélien. En tout cas, depuis qu’on n’entend plus parler du programme nucléaire iranien, les troupes US évacuent l’Irak et l’Afghanistan.
En Irak, les grands vainqueurs sont les chiites et en particuliers les hommes de Moqtada al-Sadr, ancien fondateur et grand patron de l’Armée du Madhi qui a résisté aux américains, ainsi que ceux qui ont créé ce qui allait devenir l’Etat Islamique (le Califat) d’Abu Bakr al Baghdadi.
En Afghanistan, les grands vainqueurs sont les taliban, qui bien loin d’avoir été affaiblis par l’occupation US, en sortent doublement renforcés, en incarnant d’une part un gouvernement « vertueux » (sous leur contrôle, il n’y avait plus aucune production d’opium et donc aucun drogué, et les violeurs étaient systématiquement mis à mort) après 20 ans de gouvernement totalement corrompu, et surtout en n’ayant en face d’eux plus aucune résistance: les anciens mujahidin qui les avaient combattus étant soit morts, soit les ayant rejoints. La Chine est déjà prête à leur accorder une reconnaissance diplomatique, dans le cadre de ses développements surnommés « routes de la soie », et qui sont un instrument de « soft power » pour établir une domination économique puis culturelle dans la région des « stan », du nom de ces pays d’Asie centrale dont les noms se terminent ainsi (voir l’initiative « one belt, one road » en Asie du sud-est et dans l’océan indien, ainsi que le développement « gagnant-gagnant » en Afrique, c’est un sujet passionnant).
L’avenir, quel est-il?
En Afghanistan, clairement, ça va être le retour d’un pouvoir islamique qu’on peut qualifier sans mépris ni condescendance d’obscurantiste. Les taliban avaient interdit les cinémas, les salles de spectacles, les concerts, la musique (y compris à la radio), ainsi que l’éducation des filles, obligées de porter le fameux « chador » grillagé, la burqa. Mais ils ont aussi interdit la drogue (la culture d’opium était punie de mort), l’alcool et la tradition des « bacha bazi », consistant à habiller des petits garçons en filles pour les faire danser de façon lascive et provocante avant de leur faire faire des actes sexuels. La corruption est virtuellement inexistante là où les taliban règnent, aussi surprenant que ça puisse paraître. S’il existe quelques poches où c’est un « pseudo Etat-Islamique » qui contrôle le terrain, il est clair que cette organisation n’a aucun avenir en Afghanistan, qui devrait être ainsi le premier pays à se débarrasser du terrorisme sur son sol…
En ce qui concerne les USA, en revanche, les choses sont beaucoup moins « roses ». La perte de leadership absolue que représente cette deuxième défaite stratégique après celle subie en Syrie et en Irak révèle les faiblesses de ce pays qui se prenait pour le gendarme du monde depuis 1991. La dette contractée pour les guerres contre « l’Axe du Mal » de Bush constitue à elle seule une bonne part du déficit public américain (s’y rajoutent celles d’Obama dans des conflits annexes, et le développement des drones en vue d’assassinats « ciblés »). L’Empire américain est en train de s’effondrer sous nos yeux, à la fois dans sa dimension internationale et dans sa dimension interne. La société américaine est dans un état pire que celui dans lequel se trouvait la société soviétique sous Gorbatchev, juste avant la chute du Mur de Berlin. C’est pareil en Europe, et en particulier en France, où l’Etat est si pourri de l’intérieur qu’il ne faudra plus grand chose pour le faire s’écrouler.
L’Afghanistan n’est que le début insignifiant de quelque chose de bien plus grave: la décennie à venir sera celle de l’effritement puis de l’effondrement de la société libérale occidentale actuelle, qui est devenue un cauchemar pour tout le monde.
Si vous fréquentez Sombre Plume de façon régulière, vous savez que j’aime commencer mes articles par quelques rappels pour faire taire certains reproches qui peuvent m’être adressés. Cet article ne fera pas exception. Je rappelle donc avant d’entrer dans le vif du sujet que j’ai un Master d’économie, et que j’ai été formé par des économistes de l’école Autrichienne, c’est à dire dans un esprit Libéral au sens propre du terme. Le « Laissez Faire, Laissez Passer », Adam Smith, la liberté de l’entrepreneuriat, les libertés économiques en général, c’est l’essence de ma formation et j’y adhère complètement. Mais j’ai été aussi intérimaire et ouvrier, et je n’ai pas oublié ce qu’était ma condition à l’époque, et je reste très attaché au Travail et à la Protection Sociale. Vous ne me verrez donc jamais défendre l’école de Chicago et la Finance et encore moins ses pseudo-élites. Je suis capitaliste (dans le sens que je défends à travers mes articles), et anti-mondialiste. Le capitalisme que je défend est un capitalisme social, et l’article qui suit s’attache à vous présenter les principes de base d’une « économie libérale au service du Peuple ».
Le Capitalisme, comme j’aime à le rappeler, n’est pas une idéologie, mais un mode d’organisation de la production. Il vise à augmenter les rendements, c’est à dire le ratio entre coûts et revenus, afin de dégager un profit le plus efficient possible (et non, comme on le dit trop souvent, le « plus élevé possible »), afin de dégager un surplus appelé « bénéfice », qui sera réinvesti dans l’appareil de production. Cet appareil de production comprend les moyens physiques (équipements, machines…) et la main d’œuvre (percevant un salaire).
Lorsque le profit tiré de la vente des produits est « le plus élevé possible », c’est à dire le modèle économique des grandes multinationales comme Nike (dont les chaussures vendues 100€ ont généré un salaire de quelques centimes), Apple (qui délocalise ses instruments de production en Chine, où l’on fait travailler des enfants et des « criminels sociaux »), Levi’s (qui fait travailler des détenus américains payés quelques centimes de l’heure), BMW (qui fait travailler légalement des migrants pour un salaire de 1.80€ de l’heure), et des tonnes d’autres encore. Ce capitalisme-là est un esclavagisme qui ne dit pas son nom, et doit être éradiqué, tant pour les dommages qu’il cause aux sociétés que pour les dégâts causés à l’environnement et au vivant.
Le Capitalisme en réalité est à l’origine pensé pour se perpétuer, c’est à dire assurer son avenir. Il ne sert à rien d’augmenter sa production et de saturer un marché pour engranger un maximum de profits pour se retrouver l’année suivante en faillite parce que les débouchés auront été détruits l’année précédente. De même, il ne sert à rien de réduire les salaires ou d’exporter l’appareil de production pour les maintenir les plus bas possibles, si c’est pour que les salariés ne puissent pas eux-mêmes acheter ce qu’ils produisent (à l’exception du Luxe, qui répond à d’autres logiques). Toute la leçon de Gerald Ford était de démontrer que si ses propres salariés ne pouvaient acheter ses voitures, leur production n’avait aucun intérêt.
C’est parce que Gerald Ford acceptait de limiter le surplus/bénéfice qu’il pouvait dégager de ses voitures que ses ouvriers pouvaient les acheter. Le surplus économique auquel il renonçait se traduisait en surplus social dont ses salariés étaient les bénéficiaires à travers leurs salaires. Parce qu’il maintenait des salaires relativement élevés et limitait ainsi le profit qu »il engrangeait, les ouvriers de Ford bénéficiaient d’un meilleur pouvoir d’achat, qu’il pouvaient affecter à l’amélioration de leurs conditions de vie.
Si l’on dit souvent que le capitalisme du 19e siècle fut une horreur industrialiste dans laquelle l’être humain se retrouvait broyé, on oublie de préciser que c’est à la même période que les grands patrons d’industrie ont mis en place une série de mesures en faveur du logement et des loisirs des ouvriers et de leurs familles et de l’éducation des enfants, qui donneront le Paternalisme. D’inspiration saint-Simonienne, cette approche de la vie de l’entreprise favorisait le bien-être des salariés au-delà des simples murs de l’entreprise. Un relatif équilibre économique s’instaurait entre d’une part le dirigeant, qui percevait une partie des bénéfices de son entreprise (après impôt et réinvestissement), et les salariés, qui bénéficiaient d’une partie du surplus dégagé par l’entreprise se traduisant en mesures à objectif social. Dans les faits, il est indéniable que la situation ouvrière à la fin du 19e siècle était bien meilleure qu’au début.
C’est ce capitalisme social qu’il nous faut retrouver aujourd’hui: le Capital doit servir à l’amélioration des conditions de vie de chacun, et non à contribuer à la « richesse » de quelques uns qui n’en font rien.
Comment le traduire dans les faits? Il suffirait de réapprendre à partager les fruits du labeur de chacun au bénéfice de tous, c’est à dire à limiter les dividendes des actionnaires au profit de primes aux salariés, tout en réaménageant un réinvestissement des bénéfices dans la recherche et l’innovation. Mais plutôt que de l’imposer par une Loi qui serait contournée, surtout dans une société mondialisée, il s’agit de réapprendre aux entrepreneurs et actionnaires à respecter l’économie réelle, plutôt que de courir après les mirages de l’économie financière, où les crises sont organisées pour le profit de quelques uns (toujours les mêmes) et où la richesse est virtuelle et égoïste. Cela implique, également, de démolir le système européen actuel, qui empêche ce type d’initiative au nom, et c’est un comble, de la libre concurrence et de la liberté d’entreprendre.
La définanciarisation de l’économie au profit de sa « rematérialisation » passe par un principe simple: 1 euro versé aux actionnaire équivaut à 1 euro réinvesti dans l’entreprise, et à 1 euro versé aux salariés. Bien sûr, un tel partage entrainera un rééquilibrage drastique de certaines valeurs sur les marchés, mais ce ne sera jamais un mal, considérant que toutes les actions d’entreprise sont sur-évaluées par rapport à leur valeur réelle: le cours du marché est une valeur gonflée, sans rapport avec la valeur économique réelle de l’action, c’est à dire sans rapport avec la valeur de l’entreprise ni ses bénéfices. De quoi donner des sueurs froides aux financiers qui spéculent et manipulent les cours, mais aussi de quoi ré-asseoir l’économie sur des bases plus saines et réalistes.
Plutôt que de parler de justice sociale, un terme fortement connoté et largement dévoyé, je préfère la notion d’équité. L’équité consiste à exiger de chacun l’effort dont il est capable, et de lui donner les fruits qu’ils mérite. Un financier qui contribue à la réussite d’un projet a tout autant le droit d’en tirer des bénéfices que le travailleur qui a fourni l’effort pour le bâtir, il ne s’agit aucunement de dresser l’un contre l’autre, mais au contraire de réapprendre à chacun de travailler l’un avec l’autre, pour contribuer ensemble à la réussite du projet et par voie de conséquence, à l’amélioration de la société. C’est ici que l’on retrouve l’esprit du saint-simonisme: l’association de chacun doit permettre à tous d’une part de trouver sa place, et d’autre part d’améliorer les conditions d’existence de l’ensemble de la communauté.
L’essence du capitalisme social est ici: cesser d’exploiter des faiblesses d’autrui aux fins d’un enrichissement sans cause ni buts, mais au contraire l’aider selon son mérite pour renforcer l’ensemble de la communauté afin que tous jouissent de meilleures conditions d’existence.
« Non mais l’autre, il nous parle du Zimbabwe, c’est quoi cette blague? »
Si j’aborde le sujet de l’économie du Zimbabwe, c’est parce que l’exemple de ce pays est l’archétype de tout ce qu’il ne faut pas faire quand on veut développer une économie de façon stable et pérenne.
Commençons par quelques données sur le pays, qui abrite une population de 16 millions de personnes, appartenant ultra-majoritairement à l’ethnie Shona (80% des habitants). Déjà, il faut savoir le Zimbabwe est l’un des rares pays africains à avoir abrité une civilisation dont on connait relativement bien l’histoire, et ce dès le Ve siècle de notre ère. Lorsque les anglais colonisent la région, sous le nom de Rhodésie à la toute fin du XIXe siècle, la civilisation Shona est en déclin depuis près de 4 siècles.
Pour des raisons d’organisation administrative, le pays est découpé en deux, avec la Rhodésie du Nord, et la Rhodésie du Sud. Ils essaient de rattacher la Rhodésie du Sud à l’Afrique du Sud, ce qui est un échec sur tous les plans, et les anglais décident de laisser de côté ce pays pour se concentrer sur le développement de l’Afrique du Sud et de la Rhodésie du Nord.
Avec la décolonisation, est créée une Fédération regroupant les deux Rhodésies et le Nyassaland. On lit souvent que c’était pour préparer une indépendance sur le modèle sud-africain, avec des blancs à la tête de la Fédération en vue de conserver un accès aux ressources minières, mais l’idée me semble grotesque pour des tas de raisons que je ne développerais pas ici. Disons seulement qu’avec des blancs ultra-minoritaires, dans une dynamique de décolonisation, je ne vois pas comment cela aurait été possible. Toujours est-il que la Fédération éclate en 1964. La Rhodésie du Nord devient l’actuelle Zambie et le Nyassaland devient l’actuel Malawi. La Rhodésie du Sud reste la Rhodésie, menée par le Gouvernement de Ian Smith, qui perdurera jusqu’en 1979.
L’histoire post-indépendance de la Rhodésie du Sud est complexe, et mériterait un article à elle seule, aussi vais-je abréger en mentionnant simplement qu’à la suite d’une longue guerre contre les mouvements rebelles soutenus par les anglais (qui avaient refusé la déclaration d’indépendance de Ian Smith en 1964), écrasés par des pressions internationales et minés par des dissensions internes, la Rhodésie du Sud de Ian Smith devient le Zimbabwe de Robert Mugabe en 1980.
Commence alors un déclin économique unique dans l’histoire de la décolonisation.
Une économie détruite par l’avidité et l’incompétence
L’organisation économique du Zimbabwe de Mugabe était corporatiste, c’est à dire que chaque corps de métier est regroupé et s’auto-organise lui-même, en fonction de ses intérêts. Pensé comme la panacée pour tirer le maximum de chaque corps (agriculture, industrie, armée, santé publique…), le corporatisme crée en réalité les bases pour une société de conflits d’intérêts qui finit par paralyser une économie, parce que chaque corps se dispute l’exercice de telle ou telle activité. L’un des exemples types est celui du pain: l’agriculteur produit le blé, le boulanger produit et vend le pain. Mais entre les deux, il faut moudre le grain pour produire de la farine. Problème: le meunier relève-t-il de l’agriculture, ou du commerce? On crée pour résoudre le conflit un nouveau corps de métier pour départager le fermier et le boulanger. Seulement il faut amener le blé au meunier, puis livrer la farine au boulanger, une activité de transport. Vous comprenez le problème: on multiplie les intervenants, donc les intermédiaires, et donc les coûts, et très vite, le système s’asphyxie parce qu’il n’y a plus assez de monnaie en circulation.
Mugabe avait également fait mettre en place un système social complet: salaire minimum garanti, durcissement des règles juridiques encadrant le licenciement, dépenses publiques d’éducation et de santé qui triplent en dix ans, développement de l’emploi public jusqu’à lui faire peser 60% des emplois du pays, et pour permettre à tous les habitants d’accéder à la propriété puis à une société de consommation, les prix des biens et les taux de crédit étaient contrôlés par l’Etat.
Pour soutenir cette consommation intérieure, les entreprises devaient payer d’énormes taxes si elles souhaitaient exporter leurs produits. Or une telle politique conduit à déséquilibrer la balance commerciale: en exportant moins que ce qu’on importe, on réduit l’afflux de capitaux étrangers qui servent à payer les importations. Il faut donc acheter des devises étrangères pour payer ces importations, et pour maintenir un niveau de liquidités suffisants dans le pays pour faire tourner l’économie réelle (celle des gens dans les commerces).
Dernier ingrédient pour déclencher une crise économique majeure, le gouvernement Mugabe a interdit aux compagnies étrangères ayant des activités au Zimbabwe d’y distribuer des dividendes à leurs actionnaires, pensant ainsi favoriser les primes aux salariés. Or, dans les années 1980 (et ce n’est plus le cas aujourd’hui), les dividendes servaient avant tout à rémunérer les investisseurs étrangers qui apportaient de l’argent frais (et surtout, des devises étrangères) dans le pays pour développer son économie. En empêchant ce versement de dividendes, Mugabe a en réalité empêché les investisseurs étrangers de dépenser leur argent dans les projets des entrepreneurs locaux, qui en avaient pourtant désespérément besoin pour créer des emplois dans le secteur privé.
Résumons: des dépenses publiques énormes (à hauteur de 45% à la fin des années 1980), un déficit commercial qui assèche les liquidités du pays, et une politique décourageant l’afflux de capitaux étrangers pouvant compenser cet assèchement et aider dans le même temps au développement de l’économie, qui ne peut pas compenser avec des taux d’intérêt et des prix flottants puisque ceux-ci sont contrôlés par l’Etat.
Les interventions gouvernementales des années 1990
Face au problème de la dette publique s’accroissant à un rythme alarmant, le gouvernement Mugabe a tenté plusieurs réformes dans les années 1990. Le plus évident en cas d’assèchement des liquidités dans un pays est une émission monétaire, dont le résultat est une dévaluation de la monnaie. Le gouvernement injecte donc sur son marché intérieur un vaste volume de cash, dévaluant le dollar zimbabwéen de 40%. Au même moment, le contrôle des salaires, des prix des denrées et des taux d’intérêt est levé.
Le remède, appliqué de façon aussi rapide, est encore pire que le mal puisque cela crée dans le même temps une baisse des salaires, une hausse des prix des denrées alimentaires et des taux d’intérêt, et une hausse du chômage, sans pour autant réduire le problème des déficits publics qui restent au même niveau.
Sans surprise, l’économie du pays est mise K.O. par ces réformes, et s’ensuit une période de chaos économique. La situation est en fait similaire à celle des pays d’Europe de l’Est à la chute de l’empire soviétique, et tout comme pour eux, des signes d’amélioration timide commencent à se faire sentir au milieu des années 1990, preuve que les réformes commencent à produire leurs effets positifs (meilleure efficacité de l’économie, retour à l’emploi pérenne, circulation des capitaux dans l’économie réelle, prix des denrées représentant leur véritable valeur…). Additionnées à l’aide internationale, ces mesures auraient pu rendre au Zimbabwe une vraie dynamique et lui permettre un développement accéléré, et ceci d’autant plus que le pays est riche en ressources minérales.
Seulement voilà, Mugabe était un dirigeant apparemment décidé à ravager son propre pays, puisqu’il a décidé en 1998 d’engager l’armée du Zimbabwe en République Démocratique du Congo (autre pays souffrant d’un chaos politique et économique, aggravé par la convoitise de ses voisins comme le Rwanda et le Burundi sur ses ressources minérales…). Cette action en RDC, totalement illégale et contreproductive, aboutit à la suspension de l’aide internationale, pourtant vitale pour l’économie du pays. Après tout, si le Zimbabwe peut se permettre des opérations militaires, pourquoi continuer à lui verser de l’aide économique pour sa population? Les millions de dollars qui affluaient permettaient de maintenir la balance commerciale et soutenaient l’économie réelle avec de l’argent circulant permettant de ne plus émettre de monnaie nationale (et donc de dévaluer). Sans cette aide, l’économie du Zimbabwe est repartie dans une spirale descendante aboutissant à l’explosion des années 2000.
L’Hyperinflation et la ruine du Zimbabwe
Avec un tel climat économique, le Zimbabwe était clairement condamné sur le plan économique à devoir subir un déclin irrémédiable, avec au bout l’implosion de tout le système. Cette seule phrase résume à elle seule la décennie 2000, qui a vu la dette extérieure du pays exploser, son économie réelle s’effondrer, et sa monnaie subir une hyper inflation comme on n’en avait plus vu depuis les années 1920 en Allemagne et en Autriche, suite à la Première Guerre Mondiale.
En réalité, je pense qu’on peut même dire que la situation du Zimbabwe était inédite dans l’histoire, encore pire que dans les années 1920. Pensez donc: en 2009, vous pouviez voir sur le bas côté des routes des billets de plusieurs milliards de dollars zimbabwéens que personne ne se donnait la peine de ramasser, tant ils ne valaient rien. Le plus gros billet de l’histoire de la monnaie a été émis au Zimbabwe, pour une valeur faciale de 100 000 milliards, l’équivalent de quelques dizaines d’euros seulement.
L’histoire du dollar zimbabwéen est elle-même révélatrice de l’immense problème généré par l’intervention gouvernementale dans l’économie. Créé en 1980, le dollar zimbabwéen ( surnommé Z$ pour plus de simplicité ci-après) voit sa valeur s’éroder au fil des ans, indépendamment des épisodes de dévaluation volontaire. D’une valeur d’environ 1,5 $US pour 1 Z$ en 1980, il fallait 1 million Z$ du pays pour acheter 1 livre sterling en 2006. En 2006, le gouvernement tente d’enrayer la crise en annonçant un changement de monnaie, avec une valeur de 1 $US pour 1000Z$, sans changement macro-économique préalable pour assurer la viabilité de cette monnaie. Même causes, même conséquences: l’inflation est repartie de plus belle, à ceci près que cette nouvelle monnaie n’avait plus la confiance ni de la population, ni des étrangers commerçant avec le pays. De facto, le dollar US est devenu la monnaie préférentielle pour les échanges commerciaux, tant à l’étranger qu’en interne, ce qui d’une part forçait les entreprises zimbabwéennes à acheter des dollars à un taux très désavantageux pour elles, et d’autre part, amenait la population à trafiquer des dollars US sur un véritable marché noir. Or, plus le dollar américain entrait dans l’économie du pays (sans intervention en ce sens de la part des Etats-Unis, il faut le préciser), et plus la défiance envers le dollar zimbabwéen augmentait, faisant gonfler l’inflation à un rythme soutenu.
Pour essayer de rétablir la situation économique devenue catastrophique, le gouvernement Mugabe change une nouvelle fois sa monnaie, avec un taux de 10 milliards Z$ anciens pour 1 Z$ nouveau, au 30 juillet 2008. Or, cela ne changeait strictement rien, puisque aucune réforme macroéconomique n’avait eu lieu, une situation très vite évidente puisque dans les semaines qui suivent, Mugabe fait autoriser certains détaillants à accepter les devises étrangères, en particulier US$ et Rand sud-africain, comme moyen de paiement légal. Cette autorisation bouleverse totalement l’économie à cause du signal qu’elle envoie: puisque d’autres monnaies avaient désormais cours dans le pays, cela signifiait que le Z$ ne valait plus rien. En moins six mois, cette nouvelle dénomination monétaire était devenu l’échec le plus absolu de l’Histoire de la Monnaie, avec l’émission de ce fameux billet de 10 trillions de Z$ (valant sur les marchés internationaux environ 50 US$).
Une dernière tentative de sauvetage du dollar zimbabwéen a lieu en février 2009, avec une valeur de 1 000 milliards de Z$ anciens pour 1 Z$ nouveau (et il fallait 300 000 milliards de Z$ anciens pour 1 US$). Une fois encore, sans réforme macro-économique, l’absence de confiance dans cette monnaie ne pouvait que conduire à un désastre encore plus rapide que les précédents. Aggravée par l’annonce du gouvernement que désormais toutes les devises étrangères seraient acceptées dans le pays, la crise aboutit à la suspension définitive de la cotation du dollar zimbabwéen en avril 2009. L’annonce constatant de facto la mort de cette monnaie n’a eu aucun effet sur l’économie, qui à cette date était de toute façon entièrement « dollarisée », effectuée en dollars US, voire en têtes de bétail dans les régions rurales, où la forme d’échange était revenue au troc…
L’annonce de la démonétisation définitive du Z$ en 2015 est passée presque inaperçue.
La malédiction du Zimbabwe
Le Zimbabwe avait pourtant tout pour être un pays riche et prospère. Dès l’indépendance de 1965, le gouvernement de Ian Smith avait mis en place les bases d’une économie saine, fondée sur l’agriculture, qui est l’un des secteur les plus dynamiques de ces régions fertiles de l’Afrique. L’agriculture devait permettre la constitution de capitaux nécessaires pour assurer la crédibilité internationale des finances du pays, et attirer des investisseurs pour exploiter les riches ressources minérales du Zimbabwe.
Le pays possède de très riches réserves de charbon (8 milliards de tonnes prouvées), des diamants (4% de la production mondiale), du Platine (10% de la production mondiale), du Palladium (5% de la production mondiale), de l’or, de l’argent, des minéraux technologiques comme le cobalt…
En fait, le Zimbabwe devrait théoriquement être l’un des pays les plus riches d’Afrique. Il ne subit pas l’ingérence étrangère comme peut la subir la République Démocratique du Congo, et est en relative paix au niveau civil, du fait de sa grande homogénéité ethnique (plus 80% de la population est de l’ethnie Shona). Comment expliquer, dans ces conditions, que le pays soit l’un des plus pauvres du monde?
Il faut remonter à 1980, et l’arrivée au pouvoir de Mugabe, qui a constitué une véritable catastrophe pour la population blanche, qui détenait majoritairement l’agriculture entre ses mains. Prétextant le « racisme » des blancs, Mugabe s’est employé à détruire les liens entre populations noires et populations blanches et à ostraciser ces dernières pour reprendre leurs terres, avec l’appui du gouvernement anglais qui l’avait mis au pouvoir. Comme il faut s’y attendre dans une économie basée sur l’agriculture depuis les années 1960, une telle attaque contre les fermiers blancs a mené à un déclin inexorable de tout le secteur, fragilisant les bases d’une économie déjà malmenée par les réformes que j’ai mentionnées plus haut. Pendant les décennies suivantes, Mugabe s’est employé à décharger ses responsabilités sur les « racistes » blancs, qu’il a fait persécuter. Alors qu’ils représentaient 275 000 personnes en 1975, les blancs n’étaient plus que 29 000 personnes en 2012. En 2015, Mugabe a fait voter une énième loi pour exproprier manu militari et sans compensation financières 3000 des 4500 familles de fermiers blancs qui restaient dans le pays, appelés à « quitter le pays ou mourir ». Cette loi a achevé de détruire le secteur agricole zimbabwéen, au point que le nouveau gouvernement, qui a pris le pouvoir en 2017, envisage de faire revenir ceux qui ont dû fuir en Afrique du sud et en Zambie pour survivre.
Robert Mugabe, je l’ai dit, semble s’être évertué à détruire son pays, à la fois par incompétence et par avidité. L’intervention militaire de 1998 en RDC avait apparemment pour objectif non avoué de sécuriser les avoirs miniers que Mugabe avait secrètement acquis, et qui étaient menacés par des rebelles. Mugabe a apparemment pillé avec ses proches l’un des fonds de réserve constitué par la vente de diamants, pour une somme ahurissante de 25 milliards de dollars américains. Il dispose de résidences un peu partout dans le monde, chacune valant plusieurs millions de dollars US. Toute sa fortune s’est construite au détriment des zimbabwéens, et continue de se faire à leur détriment puisqu’il touche 1 million par an, en compensation pour le coup d’état qui l’a renversé en 2017, et ce jusqu’à sa mort (il a 95 ans).
Depuis le départ de cet homme qui a passé sa vie à détruire son pays et à accuser les blancs de tous les maux, les choses semblent aller un peu mieux au Zimbabwe.
C’était du moins le cas jusqu’à ces derniers jours. Le nouveau gouvernement a en effet annoncé la fin du système du taux-fixe de la quasi-monnaie basée sur le dollar, qui a pris le relais suite à la chute du Z$ en 2009. Concrètement, cela signifie que le Zimbabwe relance une nouvelle monnaie. Or, le nouveau gouvernement n’a pas constitué de réserves pour en garantir la crédibilité et la valeur, c’est à dire que l’on retombe dans la même situation qu’en 2006. Si le fait de laisser fluctuer à nouveau la valeur entre le dollar US et ce qui sert actuellement de monnaie nationale semble être une bonne chose pour de nombreux économistes, c’est qu’ils oublient que le pays souffre d’une grave pénurie de cash et que la majorité des échanges monétaires se fait sur le marché noir, hors d’atteinte du gouvernement. En réalité, cette annonce ne fait que diminuer la crédibilité de la quasi-monnaie locale, ce qui annonce un retour à la dollarisation, aux pénuries de cash, et une inflation majeure à venir.
Quelle solution pour une économie en crise?
La seule solution qui me paraît viable pour le Zimbabwe est d’abandonner toute prétention à avoir une monnaie « comme les autres », avec des taux de change fluctuants et adossée ou non au dollar pour bénéficier d’une stabilité comme le CFA indexé sur l’Euro.
En l’état actuel, sans réforme macro-économique majeure, la seule solution pour le Zimbabwe est d’adosser une nouvelle monnaie sur des valeurs stables et sûres: ses ressources minières. En créant un indice composite, c’est à dire en créant un panier de ressources dont la valeur équivaudrait à 1 dollar, représentant une fraction de la valeur d’une unité d’échange de tel ou tel métal (l’once pour les métaux précieux, le kilo pour les autres, la tonne pour le charbon…), le pays s’autoriserait une valeur monétaire fluctuante en fonction des marchés des ressources, appuyées sur des valeurs concrètes à même de redonner confiance en cette monnaie, et pourrait repartir sur des bases nettement plus saines, tout en se constituant une réserve pour crédibiliser son économie.
Sans parler d’un retour au standard-or, qui est dépassé et inadapté à une économie moderne, le Zimbabwe pourrait, s’il était mené par des dirigeants réellement concernés par le renouveau de l’économie de leur pays plutôt que par leurs richesses personnelles, retrouver une réelle dynamique de croissance et la prospérité dont il est théoriquement capable.
En l’absence de réformes libérant enfin l’économie, réduisant la part du secteur public dans l’emploi, cessant la discrimination contre ses populations blanches, autorisant les entreprises étrangères à réinvestir normalement dans le pays et dotant le pays d’une monnaie crédible, le Zimbabwe est condamné à un cycle infernal de chaos économique. Jusqu’ici, il n’y a pas eu de violences majeures liées à la situation catastrophique de l’économie. Mais pour combien de temps?
Les deux mois qui viennent de s’écouler ont été l’occasion de grands chambardements dans nos vies, qui nous ont tenus éloignés malgré nous de Sombre Plume et de nos projets de publication.
Elora a une vie professionnelle et personnelle qui lui laisse très peu de temps à consacrer à sombre Plume, aussi dois-je prendre sur mes épaules la majorité de l’activité du site.
Seulement voilà, depuis septembre, je n’ai tout simplement pas arrêté: je me suis expatrié en Italie, pour les trois ans à venir, puisque je suis désormais officiellement doctorant. Il m’a fallu préparer les entretiens, la paperasse administrative française, la paperasse administrative italienne, la paperasse administrative universitaire, bref, beaucoup de tracas qui m’ont tenu éloigné beaucoup plus que je ne l’aurais voulu.
Mais ça y est, je suis en Italie, et je peux enfin commencer à souffler un petit peu pour animer Sombre Plume. Je partagerais probablement avec vous quelques notes de lecture que j’écris sur Babelio, ainsi que quelques petites choses à voir à Turin, la ville où je vis désormais, histoire de ne pas laisser Sombre Plume dans les limbes comme ces trois derniers mois.
Vous l’avez peut être vu, nous avons publié Saoshyant en août dernier, sans grande fanfare. C’est un projet qui m’est très personnel et assez particulier, qui marque mon premier pas dans un projet au long cours né dans la foulée de mon Liber Satanis. Il s’agissait à l’origine de décrire comment la religion Chrétienne et son Eglise étaient nées, à travers un cycle baptisé Ecclesia. Il y a trois tomes à ce jour, tous rédigés en 2009-2010, et intitulés Saoshyant, Rome et Peste.
Saoshyant, donc, retrace les origines de la religion chrétienne, depuis les origines du messianisme mazdéen (dont le « Sauveur » était appelé « Saoshyant ») que le peuple hébreu a largement croisé lors de son exil à Babylone, vers l’an -500 avant notre ère, jusqu’à la fondation formelle de l’Eglise catholique romaine, vers l’an 60.
A mi-chemin entre œuvre littéraire (reprenant la forme du Liber Satanis) et interprétation historique romancée, Ecclesia l’une de mes œuvres les plus intimes et personnelles.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur Liber Satanis, mes recherches m’ont amené à découvrir des textes religieux que je ne connaissais absolument pas, comme l’Evangile de Judas, les évangiles Gnostiques, les apocryphes chrétiens ou encore les écrits dits « inter-testamentaires », c’est à dire décrivant des faits s’intercalant entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Je n’ai jamais été très religieux, mais je dois avouer que découvrir et pénétrer l’envers du décor m’a totalement fait perdre la Foi. De cette désillusion est né le cycle Ecclesia, et donc Saoshyant, qui fournit ma vision de l’acte de naissance du christianisme en tant que religion.
Il est très intéressant pour moi, en tant qu’auteur, de revenir à ces textes que j’ai écrit il y a déjà 7-8 ans, à une période de ma vie qui était très particulière. Ma vision a en effet beaucoup évolué depuis: si je ne me revendique certainement pas croyant en une quelconque religion, je ne suis pas non plus athée, me considérant plutôt comme agnostique, c’est à dire à l’esprit « ouvert » aux mystères et au métaphysique/surnaturel.
Nietzsche, que j’ai lu à cette période, parlait de briser les Idoles. C’est exactement ce qu’a été Ecclesia pour moi: la destruction de mes idoles, de mes illusions religieuses. J’ai, depuis, découvert Carl Jung, et assume totalement ma pratique de la « magie » chaote (peu assidue, je dois le reconnaître).
Liber Satanis donnait la parole aux réprouvés des textes sacrés des monothéismes orientaux. Saoshyant est le point de départ d’un voyage matérialiste vers la spiritualité. J’espère que vous l’apprécierez.
Je devrais en principe faire paraître le second volet d’Ecclesia, intitulé Rome, d’ici la fin de l’année, vraisemblablement pour Noël. A très bientôt, donc.
Et nous revoilà pour un nouvel anniversaire dans cette plus-si-nouvelle formule qui nous plaît beaucoup plus (et nous prend, il est vrai, moins de temps)!
Difficile d’imaginer à quel point le temps passe vite, quand on a la tête prise dans le travail quotidien…
L’année qui vient de s’écouler a été malheureusement plutôt tranquille sur Sombre Plume, en tout cas un peu trop notre goût. J’aurais adoré pouvoir enfin annoncer la publication du premier ouvrage que nous voulions produire avec Tiephaine, une édition du Paradis Perdu de John Milton, et illustrée avec les aquarelles de William Blake, mais nous n’avons tout simplement pas eu le temps de travailler dessus comme il le faut. S’y ajoute le fait que nous ne courons pas après l’argent et la notoriété, et que de ce fait, un tel projet ne peut se faire aussi vite que nous le voudrions pour de bêtes problèmes de financements…
Quelques tendances sont apparues cette année, et contrairement à ce que nous aurions cru, l’article de Tiephaine sur l’imposture pseudo-chrétienne du 21e siècle a eu un succès considérable (pour un site comme le nôtre). Avec plus de 500 visiteurs uniques sur cet article, c’est sans conteste celui qui a eu le plus de succès, dépassant largement le cadre de notre audience habituelle. Cela témoigne d’une part d’un intérêt certain pour les thèmes religieux, et surtout, l’absence totale d’insultes et de mails rageurs prouve que l’intérêt que vous y avez porté était sincère (ou alors, nos filtres anti spam sont réellement efficaces…). D’autres articles sur ce thème devraient paraître sur Sombre Plume cette année.
Autre tendance, la série d’articles de Tiephaine sur l’écriture au sens large a semblé vous intéresser près d’un millier de vues cumulées pour les trois articles. Là encore, cela témoigne des doutes auxquels les auteurs en herbe peuvent être confrontés. Il faut dire que ce marché est totalement en crise, avec des auteurs médiocres mis en avant alors que des auteurs originaux sont totalement mis de côté et noyés dans l’océan de l’autopublication…
J’ai également été surprise de voir à quel point mon article intitulé « Ruptures et Continuations » avait pu avoir son petit succès, avec 250 lecteurs uniques. Il faut croire que même si nous nous en défendons, les relations sentimentales sont au cœur de nos préoccupations et nous amènent à farfouiller sur d’obscurs sites tels que sombre Plume pour trouver des réponses à nos angoisses.
Un petite déception cependant concernant la série d’articles sur l’absinthe, qui a été peu suivie, malgré le travail que nous avions mené (surtout Tiephaine).
Enfin, il est nécessaire de préciser que ce petit « top » ne comprend pas les articles à tonalité politique que Tiephaine avait posté au cours de l’année écoulée. Nous avons fait le choix de les supprimer, après avoir constaté l’explosion de visites en provenance de sites géographiques liés aux réseaux de surveillance tant américains que français ou allemands. Ces visites amenaient un ralentissement de notre site et empêchaient la lecture sereine de nos articles, y compris ceux qui n’avaient rien de politiques. Si bien sûr il ne s’agissait pas de surveillance active comme certains sites peuvent être surveillés, le fait de voir des ordinateurs branchés à Langley, Washington et autres ne nous a pas fait vraiment plaisir. Donc, désormais, plus aucun contenu politique sur Sombre Plume n’est disponible ou ne sera publié, et force est de constater que nous n’avons plus aucun problème de trafic et de bande passante…
Concernant les projets que nous allons tenter de mener cette année:
Je devrais écrire une petite série d’articles sur la Magie du Chaos et notre vision de celle-ci. Elle devrait commencer dans le début de l’été et se poursuivre jusqu’à la fin de l’année.
Tiephaine devrait en principe rédiger une série d’article sur les religions et leurs origines, et devrait également s’essayer à la présentation bibliophilique d’ouvrages anciens qu’il a glanés ces dernières années.
Nous continuons de travailler sur la publication d’ouvrages en version papier, et envisageons de créer notre propre entreprise d’édition pour pouvoir publier décemment nos écrits et les ouvrages que nous estimons injustement délaissés.
Nous vous souhaitons une belle année en notre compagnie!
Elora et moi avons décidé de faire repartir Sombre Plume de zéro. Nous avons évolué tous les deux depuis les 4 ans que nous tenons la barque (tant bien que mal), et nous voulions tout changer de fond en comble depuis déjà pas mal de temps. Attendez-vous donc à quelques changements…
Nous allons essayer de tenir un peu plus sérieusement la maison, malgré nos projets professionnels qui nous prennent un temps monstrueux.
Je profite de ce petit billet pour signaler à ceux et celles qui nous suivent qu’ils pourront me retrouver au début du mois d’avril dans la revue Absinthe #15 publiée par le collectif Hénose, avec une très courte nouvelle d’ambiance intitulée Le Tertre, déjà publiée en novembre 2012 dans Klaatu Mag #3.
En tant qu’auteur, cela fait super plaisir de voir un de mes textes republié, même si en l’occurrence il s’agit d’un texte « de jeunesse » qui n’a pas grand chose à voir avec mes travaux actuels. Quoique..?
Ma nouvelle Werwolf est toujours disponible chez House Made of Dawn, qui avait également publié l’année dernière Caucasus. Cette dernière est pour le moment indisponible, mais devrait revenir très bientôt.
Et bien sûr, d’autres projets en cours devraient aboutir d’ici quelques mois, l’occasion pour moi de revenir avec quelques bonnes nouvelles!
Décrire de Noires Arabesques où se révèlent les mystères…